Des monstres et des hommes (1997); Aleksei Blabanov

Film russe
Titre original : Pro Ourodov i Lioudiei
Genre : Drame historique
Acteurs : Sergei Makovetsky (Yohan); Drinara Droukarova (Lisa).
Durée : 1H33

    Dans la Russie du début du XXème siècle, la rencontre de Yohan, dont le gagne pain consiste à vendre des photographies pornographiques de jeune filles fessée par sa vieille "nanny", de la jeune et douce Lisa, et des "monstres", les deux frères siamois adoptés par un docteur...

  Ne vous fiez pas à la photo à gauche, ce film n'est pas un film porno. C'est juste un excellent film sur la décadence qui peut toucher un peuple. La décadence dans ce film est bien sûr représentée par l'engouement pour le pornographie puisque la plupart des figures féminines de ce film s'offrent de temps à autre des photos du cru du sieur Yohan. Mais avant de parler de cul, parlons un peu du style de ce film. Ce style s'inspire des vieux films muets en noir et blanc, le N&B remplaçé ici par une teinte sépia assez agréable mais quelque fois mal maîtrisée au niveau de la luminosité m'a-t-il semblé (si c'est fait exprès, je ne vois vraiment pas pourquoi...), bon ça vaut pas la photo de Raging Bull, mais c'est quand même très agréable et cela contribue à l'ambiance si particulière. Autre aspect notable emprunté aux films muets est la présence de "pancartes", qui dans ce film ne servent pas à signaler les paroles, puisqu'il est tout de même parlant, mais  à prendre des raccourcis dans l'histoire. Ce n'est pourtant pas par facilité, car ces "pancartes" jouent vraiment un rôle dans la mise en place des personnages, changeant en une seconde la vision que l'on peut avoir des situations mises en place. Ces "ajouts" ont un réel impact das la vision de ce film et instaurent une atmosphère palpable, au début paisible,puis plus inquiétante vers la fin.

  Les acteurs de ce drame sont assez talentueux dans l'ensemble. Je ne connais pas bien le cinéma russe et j'ai eu un immense plaisir à découvrir l'acteur Sergei Makovetsky (pas de gaffe, c'est la bonne orthographe), qui joue ici le rôle de Yohan, et qui a un jeu tout bonnement excellent, qui reste figé d'un masque flippant, jusqu'à ce qu'il appelle sa vieille nanny en proie à de violentes crises. Le personnage, bien qu'il peut sembler très figé, gagne aussi en profondeur grâce aux "pancartes", les seules qui révèlent ses intentions. Voilà c'était le petit coup de chapeau à l'acteur qui m'a étonné dans ce film, celui qui fait passer le plus de chose en arborant le moins d'expressions !
Pour l'histoire, la morale en prend quand même un sacré coup. Le récit est plein d'ironie quand à la décadence menée par les deux beaux salauds que sont Yohan et son complice. Yohan utilisant son pouvoir nouvellement acquis sur Lisa, et son complice, qui ayant "séduits" une bourgeoise aveugle en manque d'amour, abuse (pas sexuellement mais presque, ce film va assez loin dans la dégeulasserie) des enfants adoptifs de cette dernière: les "monstres", les siamois...Mais l'on se doute bien que les monstres du titre ne sont pas les siamois mais bel et bien la plupart des adultes qui les entourent, et la morale restera souillée jusqu'à la fin et même après, les victimes devenants forcéments des témoins(-relais ?) de toute cette décadence.Le film est assez vaste et ouvert à la reflexion, un film que l'on prend plaisir à voir mais aussi à se souvenir, un très bon film.

extrait approximatif d'un dialogue: "Mais le cinématographe mon cher, sera un moyen de communication à la portée du peuple et enterrera la photographie"
A peine une heure après, le cinématographe sert à filmer du porno....

NB: Ce film a été selectionné à Cannes 98, je ne sais pas si il a connu un très grand succès...

Comments

[Marika]

Un film dérangeant. Je crois que c'est le mot. J'ai du voir la moitié.